mardi 30 octobre 2012

Crise malienne: Quand les médias internationaux monopolisent l'information


Le coup d’état du 22 mars dernier, qui a renversé le président ATT  seulement un mois de la fin de son mandat a pris en otage la démocratie au Mali, remettant ainsi en questions les énormes efforts et sacrifices faits par le peuple et les autorités du pays.

Loin de moi, l’idée d’affirmer que tout était rose dans cette démocratie, puisque la corruption, principal fléau social demeure trop répandu et qui a gagné du terrain pendant ces dix dernières années. La forte propagation de ce fléau social dans la société malienne a  eu des conséquences très néfastes sur la vie des citoyens, qui sont entre autres, la baisse des salaires et des conditions de travail, l’altération de la concurrence entre les entreprises,  l’accroissement des inégalités sociales en un niveau record. En clair, les riches se sont davantage enrichis et les pauvres se sont appauvris de plus en plus. Difficile de parler de classes moyennes dans ce genre de situation.

Par ailleurs, de la prise en otage de la démocratie malienne est né un autre fléau : La censure, le musèlement, des arrestations arbitraires et bien d’autres violations des droits de l’Homme. Tout à coup, l’Etat corrompu est devenu un Etat sans lois et où règne la loi du plus fort. C’est alors que les efforts d’éployés par le Mali en matière de pluralisme des médias, de liberté d’expression, y compris la liberté de la presse sont anéantis. Plusieurs personnalités politiques, des  journalistes et des directeurs de publications ont été passés à tabac, emprisonnés ou portés disparus.

Ces violences inouïes et insupportables ont servi de leçons aux citoyens lambda et aux professionnels des médias, susceptibles de condamner ou de critiquer le comportement « animal » des auteurs du coup d’état du 22 mars 2012.

Cette nouvelle tendance a laissé la place à une nouvelle réalité : les médias locaux, autrefois considérés comme la première source d’information deviennent tout à coup peu crédibles, obligeant ainsi les maliens de se tourner vers les médias internationaux libres et démocratiques. Ceux-ci deviennent dorénavant la première source d’information pour les maliens et leur crédibilité s’est vue renforcée. La confiance est davantage accordée aux médias internationaux qu’aux sources locales. Ce nouveau contexte fait des médias internationaux, de véritables acteurs essentiels au paysage médiatiques malien.

C’est pourquoi, les maliens s'expriment librement  sur Radio France Internationale sur la crise dans le nord du Mali. Ils appellent de Kita, Badiangara, Bamako en passant par Koulikoro, Ségou, Mopti et Kati pour  tenter de s’informer et mieux comprendre le déroulement et la gestion de cette crise. L’avantage de cette radio française, c’est qu’elle est recevable aux quatre coins du Mali, contrairement aux radios locales, dont les fréquences dépassent difficilement  les 50 kilomètres.  

Cette réalité relative au traitement de l’information de la crise malienne par les médias internationaux n’est pas sans conséquences et parmi elles : la diffusion d’une information « édulcorée », des mauvaises interprétations des réalités sociopolitique et culturelles du pays et la diffusion d’une information parfois partisane. Par exemple au début de la crise, nombreux étaient des maliens qui ont accusé RFI et France 24 de soutenir les membres du mnla et d’avoir facilité la prise des régions maliennes du nord par les rebelles touaregs et leurs alliées islamistes.

Etant donné les difficultés pour la presse malienne et les médias d’une façon générale à conduire une ligne éditoriale libre et  indépendante, les médias internationaux sont devenus  également la première source pour les journalistes  dans le cadre de leur traitement de l’information relative à la crise qui sévit dans le pays depuis huit mois. Et cette tendance n’est pas prête de s’inverser, puisque les auteurs du coup d’état, bien que discrets, restent très influents dans la vie politique et publique du Mali, comme si l’on donnait de la légalité à leur acte.




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