mardi 11 décembre 2012

Mali: Quand les médias sociaux deviennent l'unique moyen d'expression...

La jeunesse a été la première victime de la mauvaise gestion des affaires publiques au Mali pendant ces dix dernières années. Les emplois se sont raréfiés et les jeunes sont des centaines à avoir terminé leurs cursus universitaires, sans savoir réellement de quoi sera fait leur avenir professionnel. C’est pourquoi, dans la capitale malienne, ils sont nombreux à se retrouver dans les « grins » autour du thé, pour discuter des problèmes qui minent leur société. Avec la crise qui sévit actuellement dans le pays, les réseaux sociaux ont permis à ces jeunes d’élargir les débats en créant différents groupes de discutions selon les problématiques. Et parmi ces groupes, on retrouve « Anti MNLA » ; « ATT Alternative » ; « République du Mali »; « Le Mali, c’est maintenant » ; « Association des jeunes patriotes du Mali », etc. 

Mais malgré l’intérêt de ces problématiques relatives à la société malienne, peu d’échos leur sont donnés. Compte tenu de cette réalité, les inquiétudes des jeunes peinent à sortir du cadre virtuel, n'ayant pas accès aux médias traditionnels du pays. Ce blog, grâce à sa collaboration avec de nombreux journaux traditionnels et en ligne, s’assigne l'objectif de favoriser un espace de libre expression  de la volonté populaire et donner la parole à la majorité silencieuse du Mali, à savoir les jeunes et les femmes. C’est donc dans cette optique que je vous propose de lire le billet d’un jeune malien, posté sur Facebook et qui a  recueilli un grand nombre de commentaires. 


Par Kader Yattara

Du 17 Janvier à ce jour, nous avons découvert un autre visage de ce grand pays, un visage déformé par les épreuves mais qui s’efforce de dégager un sourire. La cause, elle est connue et nul n'ignore que cette bombe à retardement faisait entendre son tic-tac depuis des années et personne n'a su trouver les moyens de la désamorcer. Nous sommes restés spectaculaires de notre destinée, incapables de bouger le petit doigt pour empêcher la bombe d'exploser. Cette crise, certains l'ont vécu en même temps que le reste du monde, d'autres diront qu'ils étaient au courant de la dégradation de la situation depuis septembre 2011, mais l’écrasante majorité, celle qui a suivi l'histoire contemporaine de notre pays, a senti la menace depuis la signature des premiers accords de 1963.

Paradoxalement, le peuple a perdu le contrôle de ce pays au moment où tout le poussait à s'en approprier à travers l’avènement de la démocratie. Nous avons assisté à la création des partis politiques de façon exponentielle. Des partis qui avaient leurs propres agendas et qui se foutaient pas mal de l'aspiration du bas peuple. On ne voyait pas en ce peuple, des besoins à satisfaire mais plutôt un électorat qui devait servir les ténors des partis. Créer un parti était synonyme de poste ministériel dans un pouvoir qui tout en fuyant ses responsabilités, nous a ramené le fameux "consensus". Autrement dit un pouvoir sans véritable leader et sans responsable, un pouvoir appeler « Société Anonyme » où le peuple, pardon, les parties politiques étaient les actionnaires et les citoyens des simples agents d’exécution. Chacun y trouvait son compte et si la société venait à faire faillite comme c'est le cas aujourd'hui, la fameuse formule "TOUT LE MONDE EST RESPONSABLE" trouvait lui aussi son compte. Et voilà, chacun a véritablement eu son compte.

Les apprentis sorciers, une bande de « soldatesque » inexpérimentée, besogneuse et dépourvue de toute logique, regroupé sous la bannière d'un comité dénommé « cnrmerde » vient, comme si notre souffrance n’était pas déjà insoutenable, nous enfoncer encore dans un trou et malheur, ils n'ont même pas de cordes pour nous faire sortir. Je ne les aime pas et Dieu m'en garde car je ne souhaite même pas les croiser. Mais force est de remarquer que s'ils ont eu la maladresse de nous enfoncer plus d’avantage, leur coup condamnable reste à jamais celui qui a eu le don de nous faire sortir de notre rêverie. En réalité, nous dormions et très profondément d'ailleurs. Le Mali était vraiment sens dessus-dessous et se dirigeait inexorablement vers une crise encore plus grave et là je pèse mes mots. 

Que ce soit le pouvoir déchu ou le « cnrmerde », nous n'avons pas choisi car, enfin de compte ces tristes faits, commis de part et d'autres, sont irréversibles. Nous ne pouvons plus faire marche arrière. Il faut donc accepter de se donner la main, se pardonner et regarder dans la même direction. En la matière et situation oblige, nous devons tous regarder vers la partie septentrionale. Que les ténors de l'ancien régime acceptent le présent et que ceux de l'actuel pouvoir encouragé par le « cnrmerde » acceptent d'oublier le passé et qu'ensemble, nous regardions le futur. Ensemble pour un Mali laïc, prospère, un et indivisible!