lundi 31 décembre 2012

Tombouctou: Iyad tourne t-il le dos à la ville des 333 Saints


De notre confrère Adama Diarra

Des témoins ont vu « Abu Fadil » de son vrai nom Iyad Ag Ghaly quitter sa résidence de Tombouctou après environ deux mois de séjour, auprès de son mentor algérien Abou Zeid. On ignore les raisons de son départ et sa destination pour l’instant. Iyad était parti de Kidal après l’explosion d’une grenade qui avait fait un mort et deux blessés dans sa résidence. La somptueuse villa du défunt Kadhafi est devenue l’hôtel préféré d’Abou Zeid et de Iyad. Lors des premières missions humanitaires à Tombouctou, Abou Zeid y a offert un dîner copieux à ses « hôtes » dans une grande ambiance. L’homme, sa famille et ses proches collaborateurs y sont installés comme les vrais propriétaires des lieux.


Le chef d’Aqmi sort de l’ombre


Depuis des décennies, Abou Zeid, l’homme dont on entendait que le nom est sorti de l’ombre pour accuser les autorités françaises à travers une vidéo envoyée à la rédaction de Saharamedia (journal en ligne mauritanien). Cet homme fluet et de petite taille a annoncé dans l’enregistrement vidéo de quatre minutes que « les otages sont jusqu'à présent vivants », avant d’assurer que « l’arrêt des négociations et leur blocage total relèvent de la responsabilité de la France. Quant à nous, nous sommes pour les négociations et nous l’avons dit aux Français voici un an déjà ».

Le preneur d’otage conclut : “la France n’a pas daigné répondre jusqu'à présent à notre offre de dialogue ». Mais derrière cette sortie médiatique se cache un véritable embargo sur l’une des plus importantes sources de financement de d’AQMI : le refus de paiement de rançon par les nouvelles autorités françaises. L’argent offert par les pays occidentaux pour libérer leurs citoyens sert, on le sait, à renforcer le réseau d’AQMI et de ses démembrements (Ansardine, MUJAO). Pour la libération des huit otages français détenus dans le Sahara, les détenteurs exigent le paiement de plus de cent millions d’euros. Depuis l’occupation des régions du Nord, les groupes islamistes ont recruté des centaines de mercenaires venant de toute la sous-région et des pays maghrébins et leur prise en charge demande beaucoup d’argent.

Tombouctou : l’état de santé de la population se dégrade


De notre confrère Adama Diarra

Ansardine, le groupe islamiste qui contrôle la ville de Tombouctou sous couvert d’AQMI a du mal à gérer les centres de santé de la région qui débordent de malades, en majorité des paludéens. Dans une conversation téléphonique avec le porte-parole du mouvement, Sanda ould Bounama, ne cachait plus son inquiétude vis-à-vis de la situation sanitaire de la région.

Fidèle à sa logique, il relève que « les populations souffrent pendant que le monde entier ne voit que la destruction des mausolées qui ne sont que des futilités ». Comme si cela ne suffisait pas, il va jusqu’à accuser l’Etat malien de crime contre l’humanité: « L’Etat ne fait rien pour encourager les médecins à rester dans les centres de santé. Il y a rupture de stock de médicaments ». La cruauté des islamistes au nom de la charia fait fuir le personnel soignant vers d’autres cieux plus cléments. 


Pour le coordinateur de l’hôpital de Tombouctou, Ansardine devrait plutôt s’occuper de la santé des populations au lieu de parler d’application de la charia. « Il faudrait que les gens soient en bonne santé avant de leur imposer quoi que ce soit. 85% des structures de santé de la région ne fonctionnent plus ou presque. La situation est encore plus alarmante à Diré et Tombouctou où il y a des malades couchés à même le sol. Il faut agir et vite ».

Nord-Mali: Quand la vie humaine ne contente plus les islamistes...

Ecrit par Adama Diarra

Les responsables d’Ansardine ont donné l’ordre à leurs éléments de tirer à vue sur tous les chiens. Les propriétaires de ces animaux assistent impuissants à cette tuerie organisée à laquelle les hommes armés se donnent à coeur joie. Il est interdit aux hommes de porter des pantalons qui descendent sous la cheville.
Les récalcitrants sont envoyés en prison. Deux filles et trois garçons ont été arrêtés et jetés en prison, parce qu’ils se promenaient dans la rue après 21 heures. » Le port des ornements, même sous le voile est interdit aux femmes. Idem pour les gris-gris. Ils ont déjà une baignoire remplie de gris-gris au poste de contrôle ». Ils ont aussi demandé aux habitants de créer un nouveau marché où les hommes et les femmes seront à part.
La majorité des éléments d’Ansardine sont, selon notre interlocuteur, d’anciens éléments du MNLA qui ont rejoint le mouvement sous peine de finir comme leurs compagnons de Gao, Ménaka et d’Ansongo.


Gao : Les règles de la charia se durcissent.

Ecrit par Adama Diarra

Des éléments du MUJAO ont arrêté deux apprentis de la compagnie de voyage « Bani transport » à l’entrée de la ville de Gao, il y a quelques jours. Ils sont accusés de transporter du « vin rouge » dans deux bidons de 20 litres.

Malgré les interrogatoires, on n’a pu mettre la main sur le propriétaire des deux bidons de vin. C’est alors que les éléments du MUJAO au poste de contrôle ont arrêté et jeté en prison les deux apprentis. Selon les rumeurs, la commande de vin rouge aurait été faite par une femme burkinabé installée à Gao. 



Photo prise par Adama Diarra le 07 septembre 2012 à Gao
Cette dernière, interpellée par la brigade des mœurs du groupe islamistes, a nié les accusations et a pu retourner sans encombres chez elle. Les deux apprentis ont été jugés le lundi 24 décembre par les juges salafistes égyptiens. Verdict : dix coups de fouet.
Toujours à Gao, six jeunes de la ville qui se rendaient à un mariage ont été interceptés par des éléments du MUJAO. Ils sont accusés de transporter des produits stupéfiants sur eux. Sentence : soixante dix coups de fouet, chacun, sur la place publique. Après ce supplice les accusés ont été condamnés à un mois de prison ferme.
Les « procès » se tiennent tous les lundi et jeudi et l’application de la sentence est immédiate. C’est la mairie de Gao qui fait désormais office de palais de justice des islamistes. Il est ouvert au grand public, sous la surveillance d’hommes armés pour parer à tout mouvement de contestation. Les jugements ne durent que deux ou trois minutes, à peine le temps de lire les chefs d’accusation, suivi de la décision du juge avec le concours d’un interprète (arabe-sonrhaï). Au cours des jugements, c’est la parole de l’accusé contre la bonne ou la mauvaise humeur du « kadi » (juge.)

La ville de Gao est plongée dans le noir depuis le vendredi 21 décembre dernier. « Le piston du gros groupe électrogène a pété dans la soirée. Depuis, c’est l’obscurité totale à Gao. Certains nantis se débrouillent avec les panneaux solaires tandis que d’autres utilisent de petits groupes électrogènes », explique un habitant de la ville. Nos contacts indiquent que les techniciens ont pu « dépanner le moteur, mais, il y a problème d’huile de moteur qui doit venir de Bamako ». La crainte chez les Gaois c’est de passer la fin de l’année 2012 dans le noir. La centrale d’énergie est sous contrôle des islamistes du MUJAO et le carburant financé par le CICR.

A Ansongo, un communiqué diffusé à la radio locale interdit désormais aux hommes de raser leur barbe.

vendredi 21 décembre 2012

L'ONU valide l'envoi d'une force internationale


Que dit la résolution de l'ONU autorisant l'envoi d'une force internationale?
Par LEXPRESS.fr, publié le 21/12/2012 

La résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée jeudi à l'unanimité, stipule que les autorités maliennes devront notamment tenir des élections présidentielles et législatives d'ici avril 2013. Parallèlement, la résolution privilégie le dialogue avec les groupes armés qui rejettent le terrorisme. 
Une nouvelle étape vers une intervention au Mali? Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité la résolution 2085 autorisant, "pour une période initiale d'un an", le déploiement d'une force internationale dans le pays.. Mais parallèlement, la résolution privilégie le dialogue avec les groupes armés du Nord qui rejettent le terrorisme et la partition du pays. 

Le Mali est confronté à une double crise après le coup d'Etat militaire qui a renversé le président sortant à Bamako en mars dernier et les mouvements islamistes qui ont profité de la rebellion touarègue pour prendre le contrôle du nord du pays, où des islamistes commettent de nombreuses exactions au nom de la charia. 

Processus politique

Dans la résolution 2085, le Conseil de sécurité de l'ONU:
- engage les autorités maliennes à établir "un plan de route pour la transition, à rétablir pleinement l'ordre constitutionnel et l'unité nationale, notamment en tenant des élections présidentielles et législatives crédibles et sans exclusive (...) d'ici avril 2013 ou, à défaut, dès que possible techniquement". 
- "exige que les groupes rebelles maliens rompent tout lien avec des organisations terroristes, en particulier avec Al-Qaida au Maghreb islamique". 
- "demande aux autorités de transition maliennes de mettre en place rapidement un cadre de référence crédible pour les négociations avec toutes les parties se trouvant dans le nord du pays et ayant rompu tout lien avec une organisation terroriste". 

Formation des forces maliennes

Le Conseil de sécurité de l'ONU dmeande également "aux Etats membres et aux organisations régionales et internationales de fournir aux Forces maliennes un soutien coordonné sous forme d'aide, de compétences spécialisées, de formation et de renforcement des capacités (...) afin de rétablir l'autorité de l'Etat malien sur la totalité du territoire national". 

Déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine

- Le Conseil "décide d'autoriser le déploiement au Mali, pour une durée initiale d'une année, de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA)". 
Cette force devra aider à reconstituer la capacité des Forces maliennes et aider les autorités à reprendre les zones du nord de son territoire qui sont contrôlées par des groupes armés terroristes et extrémistes, tout en préservant la population civile. 
La résolution ne fixe pas pour autant de calendrier précis pour le déclenchement d'une offensive dans cette région.

mardi 18 décembre 2012

Communiqué du Front du Non à la nouvelle Constitution.


Paris le 16 décembre 2012

Le Front du Non à la nouvelle Constitution (FNC) condamne avec fermeté l’arrestation et la «démission aidée", le mardi 11 dernier, du Premier ministre –Monsieur Cheick Modibo Diarra.

Cette "démission justifiée" est une resquille du capitaine Amadou Haya Sanogo, signataire agissant unilatéralement en violation de l’Accord cadre du 6 avril 2012, auquel il doit pourtant la légitimité dont il jouit et abuse.

La Constitutiondu 25 février 1992 (en vigueur) est également foulée au pied.
Ni le capitaine Sanogo ni le Premier ministre qu’il a déposé, ne sont des représentants élus de la souveraineté nationale car, depuis le 6 avril 2012, le Mali est régi par la Constitution (avec ses institutions) consolidée extraordinairement par l’Accord cadre (avec ses exceptions).

Selon l’article 26 de la Constitution, « La souveraineté nationale appartient au peuple tout entier qui l'exerce par ses représentants ou par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice. »

Alors, de qui se moque-t-on dans ce Mali occupé dans le nord par des étrangers et dans le sud par des indigènes ?
Pour toute réponse, les gesticulateurs et vociférateurs habituels se terrent dans un mutisme circonstanciel intéressé, espérant, dans le tréfonds de leur âme, être associés au prochain banquet transitoire.

Les vautours de la République ne condamnent ni n’approuvent clairement l’événement, guettant le sens du vent et prêtant l’oreille. Ils attendent pour manifester leur grande complicité amorale, enrobée dans l’indignité des actes égocentrés au détriment de tout sentiment patriotique et de toute compassion pour les victimes sous occupation.

Mais, « quand les réserves de beurre alimentaire seront toutes épuisées, les plats seront nécessairement assaisonnés avec la lotion de corps ! » (proverbe bambara)
Que ceux et celles de la société civile et des partis politiques, ceux et celles des "forces vives" de la nation, ayant donné implicitement leur caution à ce coup de force contre l’institution "le Premier ministre", sachent et retiennent que, à ce rythme-là, leur tour pourra être le suivant dans cette "foire aux chats" maliano-malienne.

La question ne saurait se borner au fait d’aimer ou de détester la personne du Chef du gouvernement, d’apprécier ou non la personnalité de Cheick Modibo Diarra.
Que ce dernier ait tenté d’être rigoureux jusqu’à en devenir rigide, qu’il se soit méfié des "forces vives"nombrilistes et sans éclat au point de s’enliser dans un aveuglement inexcusable, ces prétextes restent courts et trompeurs !

L’article 38 de la Constitution dispose : « Le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement (…)»

Ce n’est pas ce qui s’est passé à Bamako le mardi 11 décembre!
Aussi, au nom de la postérité et de tous nos martyrs, le Mali conscient et démocratique attend les explications dignes et crédibles de ceux qui ont "démis pour arrogance et suffisance" le Chef du gouvernement, en continuant de se cacher derrière leur petit doigt, sans jamais apporter la moindre preuve de leur compétence ou de leur préoccupation vis-à-vis de la situation de notre pays.

Nous attendons nos Forces armées de défense et de sécurité dans les rues de Bamako, de toutes nos villes et de nos villages, pour les sécuriser.
Mieux, nous les attendions davantage et aujourd’hui les exigeons aussi et surtout dans les dunes du Sahara, dans les montagnes de l’Adrar, dans les vallées et plaines inondables du nord de notre patrie, pour porter, ne serait-ce, que la contradiction aux envahisseurs que nous rêvons chaque jour hors de nos terres !

Dans les circonstances exceptionnelles que traverse notre pays, le FNC demande au capitaine Amadou Haya Sanogo, à ses compagnons d’armes et de faits, à tous les soldats, hommes de rangs et officiers, d’œuvrer plutôt à :
  • la réconciliation effective de l’Armée nationale avec le Peuple qui l’a sécrétée ;
  • la libération définitive du nord de notre pays du joug des criminels et extrémistes religieux ;
  • la sécurisation des personnes, des biens et des terres pour un prompt retour des déplacés et exilés du fait de l’occupation ;
  • la restitution du pouvoir intégral aux "forces vives."

P/FNC
La coordination

                                       " Le Mali ou rien : Nous avons choisi ! "
Contacts : (00 33) .6 63 92 86 49
(00 33) .6 59 66 37 44


mardi 11 décembre 2012

Mali: Quand les médias sociaux deviennent l'unique moyen d'expression...

La jeunesse a été la première victime de la mauvaise gestion des affaires publiques au Mali pendant ces dix dernières années. Les emplois se sont raréfiés et les jeunes sont des centaines à avoir terminé leurs cursus universitaires, sans savoir réellement de quoi sera fait leur avenir professionnel. C’est pourquoi, dans la capitale malienne, ils sont nombreux à se retrouver dans les « grins » autour du thé, pour discuter des problèmes qui minent leur société. Avec la crise qui sévit actuellement dans le pays, les réseaux sociaux ont permis à ces jeunes d’élargir les débats en créant différents groupes de discutions selon les problématiques. Et parmi ces groupes, on retrouve « Anti MNLA » ; « ATT Alternative » ; « République du Mali »; « Le Mali, c’est maintenant » ; « Association des jeunes patriotes du Mali », etc. 

Mais malgré l’intérêt de ces problématiques relatives à la société malienne, peu d’échos leur sont donnés. Compte tenu de cette réalité, les inquiétudes des jeunes peinent à sortir du cadre virtuel, n'ayant pas accès aux médias traditionnels du pays. Ce blog, grâce à sa collaboration avec de nombreux journaux traditionnels et en ligne, s’assigne l'objectif de favoriser un espace de libre expression  de la volonté populaire et donner la parole à la majorité silencieuse du Mali, à savoir les jeunes et les femmes. C’est donc dans cette optique que je vous propose de lire le billet d’un jeune malien, posté sur Facebook et qui a  recueilli un grand nombre de commentaires. 


Par Kader Yattara

Du 17 Janvier à ce jour, nous avons découvert un autre visage de ce grand pays, un visage déformé par les épreuves mais qui s’efforce de dégager un sourire. La cause, elle est connue et nul n'ignore que cette bombe à retardement faisait entendre son tic-tac depuis des années et personne n'a su trouver les moyens de la désamorcer. Nous sommes restés spectaculaires de notre destinée, incapables de bouger le petit doigt pour empêcher la bombe d'exploser. Cette crise, certains l'ont vécu en même temps que le reste du monde, d'autres diront qu'ils étaient au courant de la dégradation de la situation depuis septembre 2011, mais l’écrasante majorité, celle qui a suivi l'histoire contemporaine de notre pays, a senti la menace depuis la signature des premiers accords de 1963.

Paradoxalement, le peuple a perdu le contrôle de ce pays au moment où tout le poussait à s'en approprier à travers l’avènement de la démocratie. Nous avons assisté à la création des partis politiques de façon exponentielle. Des partis qui avaient leurs propres agendas et qui se foutaient pas mal de l'aspiration du bas peuple. On ne voyait pas en ce peuple, des besoins à satisfaire mais plutôt un électorat qui devait servir les ténors des partis. Créer un parti était synonyme de poste ministériel dans un pouvoir qui tout en fuyant ses responsabilités, nous a ramené le fameux "consensus". Autrement dit un pouvoir sans véritable leader et sans responsable, un pouvoir appeler « Société Anonyme » où le peuple, pardon, les parties politiques étaient les actionnaires et les citoyens des simples agents d’exécution. Chacun y trouvait son compte et si la société venait à faire faillite comme c'est le cas aujourd'hui, la fameuse formule "TOUT LE MONDE EST RESPONSABLE" trouvait lui aussi son compte. Et voilà, chacun a véritablement eu son compte.

Les apprentis sorciers, une bande de « soldatesque » inexpérimentée, besogneuse et dépourvue de toute logique, regroupé sous la bannière d'un comité dénommé « cnrmerde » vient, comme si notre souffrance n’était pas déjà insoutenable, nous enfoncer encore dans un trou et malheur, ils n'ont même pas de cordes pour nous faire sortir. Je ne les aime pas et Dieu m'en garde car je ne souhaite même pas les croiser. Mais force est de remarquer que s'ils ont eu la maladresse de nous enfoncer plus d’avantage, leur coup condamnable reste à jamais celui qui a eu le don de nous faire sortir de notre rêverie. En réalité, nous dormions et très profondément d'ailleurs. Le Mali était vraiment sens dessus-dessous et se dirigeait inexorablement vers une crise encore plus grave et là je pèse mes mots. 

Que ce soit le pouvoir déchu ou le « cnrmerde », nous n'avons pas choisi car, enfin de compte ces tristes faits, commis de part et d'autres, sont irréversibles. Nous ne pouvons plus faire marche arrière. Il faut donc accepter de se donner la main, se pardonner et regarder dans la même direction. En la matière et situation oblige, nous devons tous regarder vers la partie septentrionale. Que les ténors de l'ancien régime acceptent le présent et que ceux de l'actuel pouvoir encouragé par le « cnrmerde » acceptent d'oublier le passé et qu'ensemble, nous regardions le futur. Ensemble pour un Mali laïc, prospère, un et indivisible! 

vendredi 7 décembre 2012

Crise malienne : Demain la guerre. Dialoguer avec qui et sur quoi ?

Des atrocités ont été commises contre les populations maliennes non armées, dans leur propre pays,  sans que la moindre condamnation soit exprimée par la communauté internationale  et les nombreuses organisations de défense des droits de l’homme. Celles-ci disposent pourtant les capacités nécessaires et les instruments efficaces pour exprimer d’ors et déjà des sanctions contre ceux les auteurs des crimes commis contre les populations vulnérables et contre le patrimoine culturel dans le Nord du Mali. Et ces atrocités méritent d'être considérées par les acteurs qui ouvrent pour le respect des droits et libertés, comme des crimes contre l’humanité pour la seule raison qu’ aucune nation au monde accepterait que son peuple subisse ce genre d’oppressions et d’esclavage sur son territoire et qu’elles puissent demeurer impunies.


La part du Mali

Il serait plus juste et plus équitable que les maliens qui ont porté une atteinte à la cohésion, la paix, la dignité nationale, aux acquis démocratiques et favorisé l’insécurité et la haine soient traduits devant la justice. Mais cette question ne saurait concerner que les groupes armés dans le Nord du pays. Il y a également dans le Sud, des individus qui ont violé les lois de la République et porter des atteintes graves aux droits et libertés dans le pays. Cependant, si nous voulons trouver une solution à cette crise, l’Etat se veut être non seulement irréprochable et ferme dans ses actions, mais aussi prendre le temps d’écouter toutes les préoccupations de part et d’autre pour accorder  une chance au dialogue et à la réconciliation. 
Et afin que nous puissions réussir dans l’instauration de la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale, il sera utile qu’il y ait des discutions entre maliens.  Cependant, le plus important n’est pas la discussion en soi, mais plutôt l’objet de la discussion. Aussi, il serait plus approprié de parler, non pas de négociations entre l’Etat malien et les groupes armés, à savoir le MNLA et Ansar Dine, mais plus tôt de dialogue. Puisque la République du Mali  a claironné en toute évidence de demeurer intraitable à toute tentative d’atteinte à son intégrité territoriale et au caractère laïc de sa République.

En revanche, dans les pourparlers en vue de la gestion de la crise, l’Etat malien doit veiller à ce que les intérêts de toutes les ethnies et de tous les groupes religieux soient pris en considération. Les préoccupations tous méritent d’être entendues, pas seulement que celles des touaregs et des musulmans. Aucun malien ne doit être exclu, parce que la responsabilité de l’Etat, c’est de respecter et de faire respecter le droit de chaque citoyen y compris celui des minorités, qu’elles soient ethniques ou religieuses.

A cet effet, le respect des droits et libertés, l’implication de chaque citoyen dans le processus de paix, ainsi que la promotion des différentes cultures et ethnies du pays peuvent s’avérer incontestablement l’instrument efficace pour une paix durable et un gage de développement économique et social.


Dialoguer, avec qui et sur quoi?

L'opinion malienne est partagée quand à l’idée de mener des négociations avec des groupes armés dans le Nord du pays. Si une partie des ces groupes est issue de nationalités étrangères, l’autre partie qui regroupe le MNLA et Ansar Dine est constitué de citoyens maliens issus de la culture touareg.  Mais il convient de noter que ces deux groupes ont des objectifs différents et donc des revendications diverses. Si d’une part le MNLA réclame l’indépendance du Nord du Mali, Ansar Dine, quant à lui, œuvre pour l’application de la charia dans tout le Mali. Mais compte tenu de la détermination de la communauté internationale à épauler  le Mali à recouvrer l’intégrité de ses territoires et préserver sa laïcité, ces deux groupes ont pris la mesure d’adoucir leurs discours.  

Le MNLA, loin de son projet indépendantiste a promis de se contenter d'un "droit à l'autodétermination", dans le cadre de la médiation de Blaise Compaoré. Mais les réalités sur le terrain laissent penser  que ce renoncement  est loin de faire l'unanimité au sein du groupe. Car, au moment où se profile à l’horizon des discussions avec les autorités maliennes, le MNLA a pris récemment quelques initiatives militaires isolées pour tenter de chasser ses anciens alliés, à savoir les terroristes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui a aussi été l’un des groupes ayant participé aux atrocités commises contre l'armée malienne, en janvier dernier dans les villes d’Haguel hoc et de Tessalite. Ces initiatives MNLA, loin d’offrir une solution optimale, a affaiblit davantage le mouvement qui a définitivement perdu les quelques positions qui lui restaient au Nord et enregistré des pertes humaines très conséquentes et avoisinant une centaine de combattants.

Et comment peut-on croire en la sincérité du discours du MNLA, si ses membres, au lieu de parler des maliens, de façon générale, s’autorisent à considérer les populations maliennes du Nord, comme « le peuple de l’azawad ». Ce qui est exaspérant et qui agace encore davantage,  c’est que « Azawad »  reste un mot dépourvu de toute signification et qui demeure chimérique dans l’esprit de ceux qui lui ont donné naissance.

Compte tenu de l’anéantissement de ce mouvement par ses alliés d’hier, devenus des ennemis d’aujourd’hui, les maliens, dans leur grande majorité sont frileux et questionnent cependant la nécessité du dialogue avec ce mouvement. Et leurs inquiétudes sont d’autant plus grandes que les accords issus des négociations passées avec les différentes rebellions ont montré leurs faiblesses, leurs ambiguïtés et leurs brièvetés.

Partant de ce constat, plusieurs  analystes ainsi que la grande majorité des maliens mettent en garde les autorités maliennes contre toutes négociations qui aboutiraient à brader l’intérêt général de la nation malienne, ainsi que la dignité du peuple du Mali au détriment d’une poignée d’individus, très peu représentatifs des populations du Nord qui, de surcroît ont combattu pour régime de Kadhafi et qui n’ont eu aucune difficulté à retourner leurs armes contre leurs frères et sœurs du pays. Cependant, c’est au regard de l’ensemble de tous ces facteurs réels,  que l’inquiétude et la frilosité des populations maliennes trouvent leur sens et leur légitimé.

Au delà du respect de la République laïque et de l’intégrité territoriale du Mali, que pourraient revendiquer les groupes armés MNLA et Ansar Dine ?

Le groupe islamiste Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un ancien membre du MNLA et qui n’avait  obtenu ni valeur, ni position importante au sein de ce groupe a eu la sottise de s’allier à Aqmi pour se renforcer en termes d’image et de capacités matérielle. C’est ce groupe, en accord avec d’autres groupes terroristes qui s’est autorisé à amputer des bras, à fouetter publiquement et à lapider des citoyens maliens au vu et au su du monde entier. Et pour redorer son blason, Ansar Dine s’est engagé à respecter  strictement les droits fondamentaux des populations lors des pourparlers avec le médiateur de la CEDAO. De quels droits s’agira t-il ?  

Par ailleurs, aucune raison ne justifiera le dialogue avec les groupes armés étrangers, qui sont venus s’installer sur les territoires maliens, sans aucun accord légal de l’Etat et qui se sont permis de porter des atteintes graves à la dignité de toute la nation et à détruire ce qu’elle a de précieux et d’irremplaçable, son patrimoine. Donc, ceux-ci doivent être combattus avec toutes les énergies possibles, au nom de la légitime défense, la lutte contre le terrorisme et le respect des droits de l’homme. Mais pour l’heure, ces raisons ne semblent pas contenter les occidentaux et l’agenda de ceux-ci semble l’orienter vers d’autres objectifs. Il faut reconnaître que ces derniers ne paraissent pas pressés de  délivrer le Mali du joug des terroristes et des narcotrafiquants, étant donné que les enjeux, particulièrement économiques et géopolitiques  restent très minces. Et pour cause : le Mali, contrairement à la Libye et l’Iraq, ne possède pas de puits pétroliers qui pourraient menacer l’approvisionnement des grandes puissances occidentales. On se rappelle que dans ces deux pays, qu'aucune chance n’avait été accordée au dialogue. Les puissances occidentales  se sont précipitées de mener la guerre dans ces pays respectifs. 

Ces mêmes intentions peuvent être constatées dans la crise syrienne. La Syrie reste en toute évidence la grande priorité des puissances occidentales. Et on verra dans les semaines à venir de quelle manière certains pays occidentaux vont trouver des moyens pour approvisionner l’opposition syrienne, déjà reconnue comme pouvoir légitime en armes de combat,  au nom du respect de droits de l’homme et de la démocratie. Tandis qu'au même moment, les autorités maliennes peinent à subvenir aux besoin des populations marginalisées, les plus vulnérables et à assurer aux enfants une éducation, un droit à priori garanti en tant normal et ôté du fait de l’occupation islamiste et terroriste.

mardi 4 décembre 2012

Quand la souffrance d'un Peuple devient in-sou-te-na-ble...


Ecrit par Makan DIALLO, Docteur en Droit Privé et Avocat au barreau de Paris

Pour celles et ceux qui doutaient encore de l’abominable, de l’innommable, de l’absurdité du quotidien des populations du nord Mali, l’émission « Envoyé spécial » de France 2 du jeudi 29 novembre 2012 aura sans conteste permis de lever un coin de voile sur une situation des plus incroyables et apocalyptique en ce XXIe siècle.

 Le calvaire que vivent les populations maliennes, en l’occurrence celles de Gao dans le reportage de France 2, la dangerosité et la détermination des islamistes, avec des scènes surréalistes ( enfants soldats, châtiments corporels sur d’innocentes victimes, menaces à l’endroit des pays occidentaux, terreur tous azimuts sur la ville etc.) font froid dans le dos et interpellent toute bonne conscience de la nécessité d’agir au plus vite pour libérer cette partie du monde des mains d’individus qui ont juré de foutre le bordel partout où ils peuvent.
 Gao, ville martyrisée  Gao, ville fantôme à l’abandon, vidée de la presque totalité de ses habitants, soumise à la brutalité et la folie d’une horde d’illuminés, d’ignares et d’égarés qui dans un pitoyable exercice sadomasochiste s’en prennent aux personnes sans défense au nom d’une charia  qui ne dit pas son nom.

A l’image de Gao, les régions de Tombouctou et Kidal ne se portent pas mieux non plus, et cela depuis plus de 8 mois déjà ! Basta ! Trop c’est trop.  Il est grand temps que le Mali se bouge. Si la communauté internationale pense qu’une intervention militaire n’est pas possible avant fin 2013 dixit Romano PRODI,  représentant spécial de l’ONU. Si Ban Ki Moon, le secrétaire général des Nations Unies table toujours sur une improbable négociation malgré la situation chaotique sur le terrain et cette détermination intacte et immuable des islamistes de ne pas céder d’un pouce. Si certains pays du champ qui crient à hue et à dia écartent d’un revers de main l’idée d’une intervention militaire pour autant acceptée un temps par tous les pays concernés, il appartient aujourd’hui et maintenant au Mali et aux Maliens de prendre toutes leurs responsabilités.  

L’heure n’est plus à la résignation, à l’inertie, ni aux sempiternelles rencontres du reste improductives.  Sans être un va-t’en guerre, nous affirmons haut et fort que le Mali doit engager les hostilités sans délai. D’ailleurs a-t-il le choix avec tout ce qui se passe aujourd’hui dans le septentrion ? Cette situation ne peut plus durer. Le Mali est le premier concerné en ce sens que les 2/3 de son territoire sont occupés, ses populations sont embastillées,  terrorisées, martyrisées, torturées, amputées, violées, tuées, etc. Et avec toutes ces atrocités, toutes ces sauvageries, il faut garder le silence. Attendre encore et toujours. Jusqu’à quand ? Et pour quoi faire ? Nous disons mille fois non !!!! Le feu est déjà dans la case et est entrain de tout consumer, il urge d’intervenir pour limiter les dégâts. Advienne que pourra ! La communauté internationale peut encore attendre, mais le Mali n’en peut plus. Les Maliens ne peuvent plus attendre.

Jusqu’à preuve du contraire, le Mali est un Etat souverain. En tant que tel, faisant l’objet d’agression de la part de malades mentaux car il n’y a pas d’autres mots pour les  qualifier, il doit se défendre par tous les moyens avec ou sans l’aide de qui que ce soit. La communauté internationale à travers les N.U qui s’était au départ engagée pour accompagner le Mali dans cette mission salvatrice bénéfique d’ailleurs pour tous au regard de sérieuses menaces qui pèsent sur la sécurité mondiale, fait machine arrière. La CEDEAO et l’UA, malgré l’engagement de certains de ses responsables ne peut rien sans l’adoubement des instances onusiennes. Certains pays du champ tels que l’Algérie, le Burkina Faso avec son statut de médiateur, la Mauritanie jouent un jeu assez trouble et par leur positionnement donne à penser que le Mali est seul dans son combat, comme pour dire vulgairement : A chacun sa merde !!!

Le Mali n’est pas une nation belliqueuse. Cette guerre nous est imposée et il va falloir la faire !!! En tant que Malien, l’attitude de la communauté internationale de temporiser malgré l’urgence de la situation est incompréhensible voire inacceptable. Plus de 90% des Maliens excédés par cette invasion sont pour déloger militairement les envahisseurs qui continuent de nous narguer et semblent dire nous y sommes, nous restons et nous appliquons « notre loi ». Quel culot et quelle hérésie !!!

Légitimement et légalement, le Mali est en droit d’intervenir. La frustration du Mali et des Maliens est incommensurable de voir qu’après plus de 8 mois d’occupation, la communauté internationale trouve encore à repousser l’inévitable mais nécessaire intervention. Pour tout dire, le Malien a honte aujourd’hui face à cette situation qui perdure. Le Malien est blessé dans son orgueil, dans son amour propre. Sa dignité est bafouée. Sa fierté a pris un sacré coup. Son honneur est atteint au plus haut point. Aussi  pour redonner espoir à ce peuple, pour faire cesser ses larmes, pour que le Malien puisse relever enfin la tête en toute fierté, en tout honneur et dans la dignité, les forces armées du Mali ne doivent plus attendre même s’il ne nous reste qu’un seul fusil. Dire que l’armée malienne est mal en point, que les moyens militaires manquent n’est plus de mise et n’est plus une excuse, car symboliquement cette intervention plus qu’un devoir sera une sorte de rédemption !!!!  Même si c’est à mains nues, l’intervention se fera, peut-être que la communauté internationale prendra le train en marche. Le peuple Malien doit laver cet affront.

 Nos illustres ancêtres nous ont appris à ne pas baisser le froc devant l’ennemi, à préserver notre dignité, notre fierté, notre honneur en toutes circonstances. Les moyens militaires sont une chose, mais la détermination, l’engagement, la volonté, le sacrifice du soldat sont  pour beaucoup dans sa gloire. L’histoire foisonne d’enseignements dans ce sens. La guerre du Vietnam contre l’ogre Américain est édifiante. Tout près de nous dans les années quatre-vingt, le comportement héroïque des militaires tchadiens face à l’armada libyenne nous est conté  à satiété comme pour dire finalement que le soldat c’est avant tout le COEUR  comme on dit chez nous. Le Mali seul, malgré les pronostics et autres expertises improbables  peut venir à bout de ces envahisseurs. Il faut de l’audace, il faut du courage et un esprit de sacrifice.

 Braves soldats maliens n’ayez pas peur de défendre la patrie, le métier des armes c’est aussi cela, et dites-vous bien en bon philosophe que la mort fait aussi partie de la vie. Les Maliens vous soutiennent et veulent juste que vous fassiez votre boulot. Le Mali de Soundiata, de Firhoun, de Babemba, de Tièba, de Da Monzon, etc. fiers guerriers de la savane se porte mal aujourd’hui. Plutôt que d’assister impuissant à un dépiècement de son territoire, un embrigadement de ses populations, le Mali veut désormais se prendre en mains même si c’est au prix de notre sang. La prise du Tata de Sikasso s’est faite sans Babemba qui a préféré la mort à la honte s’étant juré que lui vivant, jamais la pénétration de l’ennemi dans la ville ne serait possible. Une des multiples facettes de la riche histoire du Mali. Un acte de courage, de don de soi, de sacrifice, de fierté et de dignité qui interpelle tous les Maliens en ces heures difficiles.

En bouclant cette contribution, nos pensées vont tout naturellement vers cet anonyme qui se faisait fouetter sur la place publique, vers cette jeune étudiante qui, du jour au lendemain a vu ses habitudes bouleversées, vers ce jeune homme qui a vu sa main droite amputée, vers ses enfants soldats qui ne savent même pas pourquoi ils sont là, vers tous ces déplacés et victimes anonymes qui subissent au quotidien les brimades et autres exactions des islamistes. La délivrance n’est plus pour longtemps !

samedi 1 décembre 2012

Mali: Les femmes veulent avoir leur mot à dire dans la gestion de la crise


Le Républicain du 27/11/2012 : Crise du Nord - Victimes, les femmes veulent être sur la première ligne dans la résolution

« Nous demandons l’implication des femmes dans tout le dispositif de règlement de cette crise qui secoue le Mali ». Cette phrase de Mme Traoré Oumou Touré de la CAFO, résume la conférence de presse animée, le 24 novembre 2012, au Palais de la culture, par « Les femmes du Mali ».

Haoua Assawadana, la Présidente de l’Association « Moussow Ben Kan », a indiqué que les femmes du Mali, qui ont déjà fait beaucoup dans la résolution de la crise du Mali, ont décidé de sortir de l’ombre. Selon elle, depuis quelques jours, elles sont interpellées par la presse qui estime qu’elles ont disparu depuis le déclenchement de la crise multiforme. « Nous n’avons pas médiatisé nos activités, mais nous vous assurons que nous avons beaucoup fait pour le retour rapide de la quiétude au Mali et nous continuerons de nous battre pour que ce pays retrouve la paix définitive », a-t-elle déclaré. Mme Traoré Oumou Toure de la CAFO et Mme Daou Oumou Dembélé du cadre de concertations des femmes des partis politiques, ont longuement entretenu les journalistes sur les activités menées par les femmes du Mali depuis le déclenchement de la crise. Pour sa part, Me Djourté a exposé sur les conséquences cette crise sur les femmes. Mme Traoré Oumou Touré a rappelé que c’est sur initiative des femmes du Mali que tous les acteurs politiques du Mali se sont retrouvés au vestibule des familles fondatrices de Bamako, pour prendre langue pour la première fois depuis le début de cette crise. « Ce jour-la, il a été convenu de l’organisation d’un espace beaucoup plus élargi et ouvert pour que les maliens se parlent, afin de se donner la main pour aller libérer les régions au nord du pays », a-t-elle indiqué. Elle a aussi rappelé la grande prière organisée par les femmes du Mali pour le retour rapide de la paix. Mais, Mme Traoré Oumou Touré a surtout dénoncé la stratégie qui consiste à mettre les femmes en dehors de toutes les structures de résolutions de la crise que traverse le Mali. Rappelant la supériorité numérique du nombre des femmes, elle a estimé que rien de viable ne pourra se faire au Mali sans leur pleine participation. « Nous demandons l’implication des femmes du Mali dans tout le dispositif de règlement de la crise qui secoue le Mali ». a-t-elle exigé. Pour sa part, Me Djourté, après avoir décrit dans leurs moindres détails toutes les atrocités et toutes les souffrances des femmes en cette période de crise ouverte au Nord du Mali, a indiqué que les femmes du Mali ne vont jamais négocier l’impunité des violations des droits humains, notamment des femmes dans le nord du Mali. « Mettre le Mali, sa paix et sa cohésion sociale au déçu de la recherche du pouvoir », telle est la conviction que les femmes du Mali veulent partager avec tous les acteurs politiques du pays.

lundi 26 novembre 2012

Quand la violence et l'humiliation deviennent le quotidien de la femme...

Ce dimanche 25 novembre a été célébrée la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. C’est le moment pour plusieurs pays de faire un bilan  sur la situation et la condition de la femme au sein de la société. Si les progrès ont été enregistrés dans une poignée de pays, dans la grande majorité des Etats, la situation de la femme reste délétère. Et parmi ces pays figure le Mali, où la femme a vu se détériorer ses conditions de vie et ses droits s’amenuiser.

Au Mali, les femmes  représentent 52 % d’une population rurale à 80 %, vivant en dessous du seuil de pauvreté à 64,2 %. Elles constituent un groupe particulièrement défavorisé, voire marginalisé : aucune instruction pour 71,7% des femmes de 15 à 49 ans, un taux d’alphabétisation faible de 12,1% contre 48,3% pour les hommes, les taux bruts de scolarisation des filles s’élèvent à 53,7% contre 75,3% pour les garçons  au niveau de l’enseignement primaire et avec des déperditions plus fréquentes des filles en cours de cursus scolaire. Les femmes maliennes font aussi face à une forte mortalité maternelle et un très faible accès aux instances de prises de décision, une quinzaine de femmes députés sur  environ 147 hommes à l’Assemblée Nationale, 3 femmes Ministres sur un Gouvernement de 31 membres, ainsi qu’un statut juridique des femmes marqué par des dispositions discriminatoires dans les textes de loi, la non reconnaissance de certains de leurs droits dans les faits et la méconnaissance de leurs droits par les femmes elles-mêmes.

Quelques faits marquants…

Souvenons-nous, le 2 décembre 2011, l’assemblée nationale du Mali a adopté à l’unanimité, un nouveau code de la famille, deux ans après le rejet du précédent, qui accordait à la femme plus de droits, mais qui a malheureusement manqué la bénédiction d’une catégorie sociale, notamment les communautés musulmanes du pays. Pendant que le précédent  code limitait l’âge minimum légal pour le  mariage des jeunes filles à 18 ans, le nouveau, quand à lui l’a ramené à 16 ans. En outre, si le premier promouvait l’égalité des genres, le second accorde moins de liberté et d’égalité aux  femmes.  Ce constat est encore plus effrayant dans un contexte de conflit et d’occupation des régions maliennes du Nord par les groupes islamistes.

Les femmes, entre oppressions, viols, humiliations et privations…

Depuis près de huit mois, les femmes maliennes, particulièrement celles dans le Nord du pays sont confrontées à une toute autre réalité, à savoir l’occupation islamiste  et ses corollaires qui n’ont eu d’autres effets que la régression qui mine incontestablement à leurs droits qui jusque là étaient garantis dans la législation malienne.

L’administration traditionnelle s’étant exilée, les bandits armés, les terroristes et narcotrafiquants font régner leurs lois en toute impunité et en toute illégalité. Ils s’autorisent à des pratiques portant une atteinte grave aux droits et libertés des populations, telles que des lapidations, des flagellations et des coupures d’oreilles. Les femmes, désormais considérées comme des objets  se voient  menacées, intimidées et privées du minimum de leurs droits au quotidien. Elles doivent se couvrir de la tête,  aux pieds, sous peine de sanctions, sous une chaleur avoisinant les 40°C et dans un pays autrefois laïc et démocratique et où personne ne pouvait leur imposer quoique ce soit.

Les jeunes filles ne sont pas épargnées. Elles sont violées et subissent des mariages forcés, masqués par des unions à durées déterminées. Car il ne faut oublier, toute occupation a une fin. Et donc viendra le moment, où la question relative au sort de toutes ces filles, victimes de  viols et de mariages forcés, ainsi qu'à celui des enfants qui naîtront dans ces unions éphémères se posera.

En outre, au moment où l’on parle de reconquête de l’intégrité territoriale du Mali, ne serait-il pas utile de penser la gestion de cette occupation, ainsi que ses effets collatéraux ? Avons-nous une idée des projets en vue de la reconstruction du pays et particulièrement celle qui sera propice aux régions actuellement occupées ? Quels plans avons-nous pour restaurer l’autorité de l’Etat dans des régions où une partie des populations  se dit favorable à la présence des islamistes, car, dit-elle au moins eux ils sont présents, contrairement aux autorités maliennes. Quelles sont les plans stratégiques que le Mali compte  mettre en place pour faire respecter et consolider les droits et libertés des populations et ceux des femmes et des jeunes filles en particulier et en même temps reconquérir leur confiance?

La mise en œuvre d’une telle politique, ainsi que les réponses à ces questions pourraient être favorables notamment à la protection des droits des jeunes filles ainsi que des enfants issus de l’occupation, qui pourraient être perçus plus tard par la société, comme des enfants de la honte. Cette reconnaissance nationale constituera un pas vers la cohésion sociale, l’instauration d’une paix durable, du développement économique, ainsi que l’épanouissement des populations au sein de leurs propres sociétés.

Pour ce faire, le Mali aura donc le devoir de prendre son destin en main et mener la guerre contre l’occupation seul ou avec la communauté internationale. Cette dernière  se montre de moins en moins crédible dans ses intentions d’aider les Maliens à recouvrer l’intégrité de leurs territoires, si on en croit aux déclarations faites par Romano Prodi, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel.

Car, si le président Nigérian Goodluck Jonathan a résolument plaidé pour une intervention militaire rapide et brève dans le Nord du Mali, lors du sommet des chefs d’Etats de la CDEAO, le 11 novembre dernier, Romano Prodi, quant à lui n’envisage cette intervention qu'à partir de septembre 2013. Ce dernier croit encore à une solution politique de la crise malienne et souhaite se donner du temps soit pour convaincre les Africains et le Mali en particulier d’abandonner tout projet visant à une intervention militaire, soit une manière  pour lui de dire aux autorités maliennes de prendre leurs responsabilités face à l’envahissement terroriste sur leurs territoires.

Et si on devenait un peu plus réaliste ?

Comment devrions-nous interpréter la déclaration de Prodi, quand on sait que le Mali a été encouragé et a même subi des pressions notamment internationales pour formuler une requête auprès de la CEDAO et de l’ONU en vue d’une intervention militaire ? Et au moment où tout semble conduire le pays à l’option militaire, des voix, non moins importantes se lèvent pour promouvoir la solution politique et diplomatique malgré la terreur et l’oppression islamiste, ainsi que les nombreuses violations des droits de l’Homme commises contre les populations maliennes dans les villes occupées. A ceux-ci s’ajoute la détermination des terroristes à ne quitter les terres maliennes que jusqu'au dernier coup de feu.
 
Cependant, en attendant le mois de septembre 2013, les populations maliennes, particulièrement les plus vulnérables, à savoir les femmes, les enfants et les jeunes continueront à être violées, humiliées et à subir des amputations, des flagellations et des lapidations, au vu et au su du monde entier, sans que cela ne dérange qui que ce soit.

Quant à  l’Etat malien, sera-t-il à ce  point faible et craintif au point de ne pas lever le petit doigt contre ceux qui font régner la terreur contre son peuple ? Ou prendra t-il des initiatives comme l’a fait récemment, le MNLA, un mouvement très petit par rapport à toute une armée nationale du Mali ? Les autorités maliennes, ainsi que leur armée manqueraient-elles de volonté à ce point ? Un adage Bambara n'affirme t-il pas que «mieux vaut mourir que vivre dans la honte ?

Quelques soient les solutions en vue de la gestion de la crise, les femmes maliennes resteront les premières à subir l’indifférence des autorités maliennes, ainsi que les violences, l’humiliation et les privations imposées par les lois de la charia. Elles devront encore attendre des années,  pour  se voir accordés leurs droits et libertés, dans un pays où la religion prend une place croissante et où les communautés religieuses, notamment musulmanes influent sur les décisions prises par des autorités publiques.