dimanche 4 novembre 2012

La liberté d’expression toujours menacée au Mali

Le coup d’Etat de mars dernier, un acte qui a plongé le Mali dans les heures les plus sombres de son histoire et réduit au néant ses acquis précieux en termes de démocratie, de liberté d’expression et du respect des  droits individuels a autorisé des pratiques portant atteinte à la dignité humaine et au respect des droits d’Homme. Cette tendance très inquiétante  ne cesse de s'accroître en se  généralisant et en se banalisant. 

L’impunité, ainsi installée au sein de la société malienne n’épargne personne. Car, au lendemain du coup d’Etat, des personnalités politiques, des journalistes et des militaires, autrefois favorables au président déchu ont été passés à tabac, torturés et emprisonnés. Et même le président de la République par intérim, Monsieur Diounkouda Traoré n’a pas échappé à cette règle. Oui, dorénavant, c’est la loi du plus fort, qui est appliquée.

Les populations, premières victimes qu’elles soient du Nord ou du Sud :

D’une part au Nord, les islamistes, terroristes et narcotrafiquants font régner leurs lois en toute impunité et en toute illégalité, se donnant à des pratiques humainement insupportables, telles que des lapidations, des flagellations et des viols des jeunes filles, masqués par des contrats de mariages à durées déterminées. Les femmes, dorénavant considérées comme des objets   se voient  menacées, intimidées et privées du minimum de leurs droits au quotidien. Dorénavant, elles doivent se couvrir de la tête,  aux pieds, sous peine de sanctions, dans une chaleur avoisinant les 40°C et dans un pays autrefois laïc et démocratique et où personne ne pouvait leur imposer quoique ce soit.

Au Sud, loin de la charia et de ses corollaires  émerge une autre réalité. Car avec le coup d’Etat, s’est installé un climat de peur, d’intimidations, de censures et de menaces.  Les populations, premières victimes sont muselées. La dernière en date, la sortie du nouvel album d’un artiste malien.

Roberto Magic Sapeur, de son vrai nom Harouna Sylla, fils de policier et chanteur malien, réputé pour son engagement en faveur de la cause féminine a changé de registre devenant ainsi  un citoyen engagé, eut égard à l’ampleur de la crise dans le pays. Dans ce nouvel album, le chanteur exprime son ras le bol face aux souffrances quotidiennes des maliens et critique très longuement l’armée malienne, qui selon lui a fui ses responsabilités dans le nord du pays. Par exemple, il affirme que depuis le coup d’Etat de mars dernier, l’armée malienne a failli à sa responsabilité de protéger les populations. Hors, d’après lui, les grands hommes qui ont fait l’histoire et la fierté du Mali n’ont jamais montré la moindre peur, n’ont jamais trahi les populations et se sont toujours montré dignes de la confiance de leur peuple. Pour lui, ces hommes ont préféré la mort, plutôt que la honte.


Nous pouvons donc constater que l’idée principale défendue par cet artiste s’articule autour de la bravoure, la dignité et le courage. Ces vertus ne font-elles pas partie intégrante de nos valeurs, qui depuis un certain temps sont bafouées ? Et en quoi ces propos peuvent-ils être considérés comme une atteinte à la cohésion sociale ?

Joint par les soins d’un média français, le ministère malien de l’intérieur regrette que de telles accusations soient faites contre l’armée à une période aussi critique. Mais il a promis de couvrir la chanson et protéger, dans la mesure du possible, le chanteur.
Nous souhaitons que les menaces et les intimidations faites à l’encontre du chanteur cessent au plus vite, afin que celui-ci puisse retrouver une vie normale et que cette chanson engagée ne soit pas censurée, pour que la liberté d’exprimer ses opinions, sans aucune interférence soit respectée et garantie à tous les citoyens du Mali.

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