Le coup d’Etat
de mars dernier, un acte qui a plongé le Mali dans les heures les plus sombres
de son histoire et réduit au néant ses acquis précieux en termes de démocratie,
de liberté d’expression et du respect des droits individuels a autorisé des pratiques
portant atteinte à la dignité humaine et au respect des droits d’Homme. Cette
tendance très inquiétante ne cesse de s'accroître en se généralisant et en se
banalisant.
L’impunité,
ainsi installée au sein de la société malienne n’épargne personne. Car, au lendemain du coup
d’Etat, des personnalités politiques, des journalistes et des militaires,
autrefois favorables au président déchu ont été passés à tabac, torturés et
emprisonnés. Et même le président de la République par intérim, Monsieur
Diounkouda Traoré n’a pas échappé à cette règle. Oui, dorénavant, c’est la loi
du plus fort, qui est appliquée.
Les populations, premières victimes qu’elles
soient du Nord ou du Sud :
D’une part au
Nord, les islamistes, terroristes et narcotrafiquants font régner leurs lois en
toute impunité et en toute illégalité, se donnant à des pratiques humainement
insupportables, telles que des lapidations, des flagellations et des viols des
jeunes filles, masqués par des contrats de mariages à durées déterminées. Les
femmes, dorénavant considérées comme des objets se
voient menacées, intimidées et privées
du minimum de leurs droits au quotidien. Dorénavant, elles doivent se couvrir
de la tête, aux pieds, sous peine de
sanctions, dans une chaleur avoisinant les 40°C et dans un pays autrefois laïc
et démocratique et où personne ne pouvait leur imposer quoique ce soit.
Au Sud, loin de
la charia et de ses corollaires émerge une autre réalité. Car avec le coup d’Etat,
s’est installé un climat de peur, d’intimidations, de censures et de
menaces. Les populations, premières
victimes sont muselées. La dernière en date, la sortie du nouvel album d’un
artiste malien.
Roberto Magic
Sapeur, de son vrai nom Harouna Sylla, fils de policier et chanteur malien,
réputé pour son engagement en faveur de la cause féminine a changé de registre devenant
ainsi un citoyen engagé, eut égard à
l’ampleur de la crise dans le pays. Dans ce nouvel album, le chanteur exprime
son ras le bol face aux souffrances quotidiennes des maliens et critique très
longuement l’armée malienne, qui selon lui a fui ses responsabilités dans le
nord du pays. Par exemple, il affirme que depuis le coup d’Etat de mars
dernier, l’armée malienne a failli à sa responsabilité de protéger les
populations. Hors, d’après lui, les grands hommes qui ont fait l’histoire et la
fierté du Mali n’ont jamais montré la moindre peur, n’ont jamais trahi les
populations et se sont toujours montré dignes de la confiance de leur peuple.
Pour lui, ces hommes ont préféré la mort, plutôt que la honte.
Nous pouvons
donc constater que l’idée principale défendue par cet artiste s’articule autour
de la bravoure, la dignité et le courage. Ces vertus ne font-elles pas partie intégrante
de nos valeurs, qui depuis un certain temps sont bafouées ? Et en quoi ces
propos peuvent-ils être considérés comme une atteinte à la cohésion sociale ?
Joint par les
soins d’un média français, le ministère malien de l’intérieur regrette que de
telles accusations soient faites contre l’armée à une période aussi critique.
Mais il a promis de couvrir la chanson et protéger, dans la mesure du possible,
le chanteur.
Nous souhaitons
que les menaces et les intimidations faites à l’encontre du chanteur cessent au
plus vite, afin que celui-ci puisse retrouver une vie normale et que cette
chanson engagée ne soit pas censurée, pour que la liberté d’exprimer ses
opinions, sans aucune interférence soit respectée et garantie à tous les
citoyens du Mali.
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