"Il y a moins de manifestations pro ou anti junte à Bamako, voir à l’intérieur du pays. Les gens ont compris que la division sur la crise du Nord ne fait que retarder la reconquête des 65% du territoire occupé par les islamistes".
Les régions Nord du Mali sont occupées
illégalement par des islamistes, des terroristes et des narcotrafiquants à la
suite d’un coup d’Etat militaire qui a
renversé le président ATT en mars dernier, à quelques semaines de la fin de son
mandat, plongeant le pays dans une crise politico-sécuritaire et humanitaire sans
précédant. Comment les populations maliennes vivent-elles cette situation ? Qu'attendent- elles des autorités publiques ? Et comment se portent les
institutions maliennes aujourd’hui ? Quelques éléments de réponses avec Adama
Diarra, journaliste spécialiste des questions du Nord au quotidien national du Mali, l’Essor .
démocratie.mali (D.M). Adama Diarra, bonjour, en tant que journaliste au quotidien national
du Mali, l’Essor, quel regard portez-vous sur le déroulement de la crise dans
le pays ?
Adama Diarra. A mon humble avis, la
situation est en bonne voix après les différentes rencontres de la communauté
internationale à Bamako, Dakar, Nigéria et Abidjan.
D.M. Comment les populations du Sud
vivent-elles cette situation ?
Adama Diarra. Elles sont optimistes, raison pour
laquelle, il y a moins de manifestations pro ou anti junte à Bamako, voir à
l’intérieur du pays. Les gens ont compris que la division sur la crise du Nord
ne fait que retarder la reconquête des 65% du territoire occupé par les
islamistes.
D.M. Vous venez de rentrer d'un
reportage dans les villes de Diabaly, Sévaré, Mopti et Djenné, décrivez-nous la
vie quotidienne des habitants de ces localités
Adama Diarra. Les populations de ces
différentes villes que j’ai sillonnées récemment, gardent espoir. Mais, il faut
savoir qu’elles vivent dans des conditions extrêmement difficiles,
particulièrement pour une grande majorité de ces populations à savoir les guides
touristiques, les interprètes, les agences de voyages, les chauffeurs, les hôteliers,
les artisans, etc, qui vivaient des mannes financières du tourisme à Mopti,
Sévaré et Djénné. Dans c’est zones-là c’est la catastrophe ou encore la mort de
l’activité économique. A djenné par exemple, un seul hôtel tente de
survivre, mais les dix autres ont tout simplement fermé et le personnel est en
chômage technique. Tout ce monde vit dans l’incertitude, quand à la reprise des
différents secteurs d’activité. Certains ont déjà pris le chemin de l’exil,
notamment à Djenné, où ils préfèrent aller chercher du boulot en Guinée
Équatoriale.
D.M. Ces populations ont-elles des attentes particulières de l’Etat Malien ?
Leur seule attente vis à vis de l’État
est la reconquête du Nord. Car l’économie des villes du Nord et celles du Sud
sont liées. Par exemple, le prix du mouton pour la fête de Tabaski a pris
l’ascenseur cette année, à cause de l’occupation des 4 grandes villes du
Nord : Kidal, Gao, Tombouctou et Douentza. Les
prix ont doublé voir triplé. Avant la crise, on pouvait avoir un mouton a 50 €
mais cette année, avec la crise le prix du mouton dépassait les 100€.
En outre, les femmes
dans ces localités du pays, ont vu leurs conditions de vie se dégrader de plus
en plus. En période normale, la grande majorité des femmes dépendent financièrement de leurs maris.
Et quand ceux-ci perdent leurs emplois, la répercussion est immédiate.
Dans les villes du Nord sous occupation
islamiste, les femmes sont tenues de rester chez elles ou voilées quand elles
doivent sortir. Et celles qui enfreignent à cette règle sont arrêtées et jetées en prison au nom de la
charia par les islamistes armés.
"A défaut d’envoyer un reporter sur place ou
d’avoir un correspondant local efficace, la presse malienne se contente de
reprendre les dépêches des agences de presse (AFP, Reuters, et Xinhua)".
D.M. Vous collaborez aussi avec des médias internationaux, à
votre avis quelles
sont à ce jour les difficultés de la presse malienne dans le traitement de
l’information relative à cette crise ?
Adama Diarra. La principale
difficulté est d’ordre financière. Rares sont les organes de presse malienne
qui peuvent financer le voyage d’un journaliste en dehors de la ville de Bamako
et pendant plusieurs jours. Il est regrettable de dire que la presse est
devenue une nécessité et non une vocation. Aujourd’hui, je puis m’estimer
heureux que mon journal ne lésine pas sur les moyens pour prendre en charge mes
reportages dans les zones occupées ou avant-dernière villes avant le Nord. A défaut d’envoyer un reporter sur place,
ou d’avoir un correspondant local efficace, la presse malienne se contente de
reprendre les dépêches des agences de presse (AFP, Reuters, et Xinhua). Quant aux médias audiovisuels, les gens préfèrent regarder France 24 ou écouter RFI plutôt que
la télévision et la radio nationale. Car ces organes publics préfèrent se
focaliser sur l’information institutionnelle. C’est-à-dire les activités des
membres du gouvernement, les visites officielles, les réceptions, quelques
enquêtes sur la vie courante, rien de spécial.
D.M. Sur le plan institutionnel, qu'est ce qui a changé notamment dans la gestion des affaires publiques, depuis le
coup d’état de mars dernier ?
Adama Diarra. Un grand pas a été
fait avec la mise en place d’un président pour la transition, d’un Premier
Ministre reconduit. Les nouvelles autorités sont en train de restructurer
l’administration à travers les nominations à chaque conseille de ministres. Les
trois hommes (Dioncounda Traoré, Cheick Modibo Diarra et le Capitaine Amadou
Haya Sanogo) se concertent régulièrement à chaque fois qu’il est nécessaire. Le
plus important est que les maliens sachent à qui s’adresser en cas de problème.
Et, je pense que c’est ça l’essentiel dans la situation actuelle des choses. Et
les quelques petits problèmes ou querelles politico-politiciennes existent
partout dans le monde.
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